Retour de mission de l’IFAS-Recherche en Angola | Report on IFAS-Research mission in Angola

La dernière semaine d’août 2024, l’IFAS-Recherche a effectué une mission en Angola, pour rencontrer le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) à Luanda, pour évoquer avec Réné Quirin, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC) sortant, et Manuela Ferreira Pinto, COCAC entrante, les missions de l’IFAS-Recherche en Angola et les collaborations à venir entre l’UMIFRE et le SCAC. Parmi ces collaborations, citons la diffusion de nos appels à candidatures et la présentation de la revue Sources, d’Africae et de Lesedi auprès des chercheur·ses angolais·es, le soutien apporté depuis 2018 au chantier archéologique de Benguela, ou encore le soutien à divers projets de recherche menés par des chercheur·ses français·es travaillant en Angola et soutenu·es par l’IFAS-Recherche.

In the last week of August 2024, IFAS-Research went on a mission to Angola to meet with the French Cultural Cooperation and Action Service (SCAC) in Luanda. The purpose of the meeting was to discuss the missions of IFAS-Research in Angola and future collaborations between the UMIFRE and the SCAC, with René Quirin, the outgoing Cultural Cooperation and Action Counsellor (COCAC), and Manuela Ferreira Pinto, the new COCAC. Among these collaborations, we can mention the dissemination of IFAS-Research’s calls for projects and the presentation of the journals Sources and Lesedi, and the publication Africae to Angolan researchers, the support provided since 2018 to the archaeological fieldwork in Benguela, as well as the support of various research projects led by French researchers working in Angola and supported by IFAS-Research.

Le séjour en Angola de l’IFAS-Recherche avait également pour but de rendre visite à la Mission Préhistorique Franco-Angolaise (soutenue par le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères), à Benguela, dirigée depuis 2019 par Isis Mesfin (chargée de recherche au CNRS et allocataire de l’IFAS-Recherche en 2019 et en 2021) et Maria-Helena Benjamim (archéologue et directrice du Museu Nacional de Arqueologia de Benguela), en compagnie du COCAC sortant de l’ambassade de France en Angola, René Quirin. L’IFAS-Recherche et le SCAC de l’ambassade de France en Angola étant des partenaires de longue date de cette mission, nous souhaitions mieux saisir les multiples enjeux de ce chantier archéologique.

The IFAS-Research stay in Angola also aimed to visit the Franco-Angolan Prehistoric Mission (supported by the Ministry of Europe and Foreign Affairs) in Benguela, led since 2019 by Isis Mesfin (CNRS researcher, at CNRS and one of IFAS-Research’s 2019 and 2021 grantees) and Maria-Helena Benjamim (archaeologist and director of the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela), along with the outgoing COCAC of the French Embassy in Angola, René Quirin. Since IFAS-Research and the SCAC of the French Embassy in Angola have been long-standing partners of this mission, we aimed to better understand the multiple stakes involved in this archaeological project.

Pourquoi cet intérêt des archéologues et paléontologues pour le littoral de Benguela ? | Why are archaeologists and paleontologists interested in the Benguela Coast?

Le littoral qui s’étend au sud de la ville de Benguela est caractérisé par des falaises et des collines successives, correspondant à des formations géologiques bien particulières : des « paléoplages » ou « plages soulevées » par le processus tectonique de surrection et l’eustatisme (c’est-à-dire les variations du niveau moyen de la mer). Plusieurs de ces paléoplages, notamment celles de Mormolo et de Dungo, livrent d’importants vestiges archéologiques et paléontologiques que l’érosion rend plus accessibles chaque année. Ces vestiges sont particulièrement anciens, et proviennent de couches géologiques datées de deux époques différentes :

  • Le Miocène (entre 23 et 5 millions d’années), dont les couches géologiques visibles aujourd’hui correspondent à d’anciens fonds marins à proximité de la ligne de côte, puisqu’à cette époque, la plaine côtière de l’Angola est recouverte par l’Océan Atlantique. On y retrouve surtout des fossiles d’animaux marins, étudiés par les paléontologues.
  • Le Pléistocène (entre 2,6 millions et 11 700 ans), dont les couches géologiques correspondent à des sables de plages puis à des dépôts alluviaux. À cette époque, la mer s’est retirée, laissant place à des plages puis sûrement à des paysages d’embouchure de fleuves. Ce sont ces couches qui livrent les premières traces d’occupations humaines de la côte centre-ouest de l’Afrique, datées de l’Earlier Stone Age.

The coastline extending south of the city of Benguela is characterized by successive cliffs and hills, corresponding to specific geological formations: marine terraces or “raised beaches” resulting from the tectonic uplift process and eustatism (global sea level variations). Several of these raised beaches, particularly those at Mormolo and Dungo, yield significant archaeological and paleontological remains that erosion makes more accessible each year. These remains are particularly ancient and come from geological layers dated from two different periods:

  • The Miocene (between 23 and 5 million years ago), whose geological layers correspond to ancient seabeds close by the seashore, as during this time, the Angolan coastal plain was covered by the Atlantic Ocean. Marine animal fossils are predominantly found here, and studied by palaeontologists.
  • The Pleistocene (between 2.6 million and 11,700 years ago), whose geological layers correspond to beach sands and later to alluvial deposits. At this period, the sea had receded, giving way to beaches and then probably to river mouth landscapes. It is these layers that yield the first signs of human occupation of the Central-West coast of Africa, dated to the Earlier Stone Age.
Isis Mesfin montre une coupe où la distinction entre couches du Miocène et du Pléistocène apparaît clairement. | Isis Mesfin showing a cross-section where we can clearly distinguish the Miocene and the Pleistocene layers. (Credits: IFAS-Recherche)

Ainsi, le littoral de Benguela présente un riche potentiel scientifique pour comprendre l’émergence des populations humaines dans une zone clé, où peu de travaux ont été réalisés. En effet, la préhistoire ancienne est largement étudiée en Afrique australe, en Afrique de l’Est et en Afrique du Nord, mais bien moins en Afrique subsaharienne atlantique, qui indique pourtant de nombreuses spécificités peu retrouvées ailleurs (l’exploitation des ressources marines dès le Early Stone Age, une industrie atypique par rapport à l’Acheuléen moyen, la conservation de fossiles d’animaux peu communs ailleurs, etc.). Le littoral de Benguela, situé entre ces zones, apparaît alors comme un ensemble de sites précieux pour permettre d’appréhender les dynamiques chrono-culturelles à l’échelle du continent mais aussi les dynamiques paléoécologiques à l’échelle du littoral atlantique de l’Afrique australe-centrale, notamment la mise en place et l’évolution du courant de Benguela.

Thus, the coast of Benguela presents a rich scientific potential for understanding the emergence of human populations in a key area where few studies have been conducted. Indeed, early prehistory is extensively studied in Southern Africa, East Africa, and North Africa, but much less so in Atlantic sub-Saharan Africa, despite many unique characteristics not found elsewhere (such as the exploitation of marine resources as early as the Early Stone Age, an atypical industry compared to the Middle Acheulean, or the preservation of animal fossils that are rare elsewhere). The coast of Benguela, located between these regions, appears as a valuable group of sites to grasp the chrono-cultural dynamics on a continental scale, as well as palaeoecological dynamics along the southern Africa’s Atlantic coastline (particularly regarding the Benguela Current).

Quels sont les objectifs de la mission archéologique à Benguela ? | What are the objectives of the Franco-Angolan archaeological mission in Benguela?

Les responsables de la mission, Isis Mesfin et Maria-Helena Benjamim, l’ont construite autour de trois enjeux : la recherche, la formation et la diffusion des savoirs :

  • L’objectif scientifique est de construire un cadre chrono-culturel des occupations humaines, notamment les premières, et de reconstituer le contexte environnemental et climatique dans lequel elles ont vécu. Cet objectif nécessite notamment un important travail de datation pour établir un cadre interprétatif solide.
  • Le 2e objectif est de former des professionnel·les de l’archéologie. Actuellement, Marie-Helena Benjamim est la seule docteure en archéologie angolaise qui exerce dans le pays en tant que chercheuse. La mission franco-angolaise souhaite contribuer à former une nouvelle génération d’archéologues professionnel·les qui puisse prendre la relève de la recherche dans le pays à la suite de leurs études à un niveau Master et Doctorat.
  • Le 3e objectif est la préservation et la valorisation du patrimoine archéologique et paléontologique angolais, mal connu, autant au niveau national qu’international. Cet objectif s’appuie largement sur le partenariat avec le Museu Nacional de Arqueologia de Benguela, dirigé par Maria-Helena Benjamim, où les collections archéologiques et paléontologiques de Mormolo et de Dungo sont conservées et présentées au public. De nombreuses autres actions sont menées dans le cadre de ce partenariat : visites de sites, réalisation de vidéos et conférences grand public.

 The mission directors, Isis Mesfin and Maria-Helena Benjamim, have structured the archaeological mission around three key issues: research, training, and knowledge dissemination:

  • The scientific objective is to build a chrono-cultural framework of human occupations, particularly the earliest ones, and to reconstruct the environmental and climatic context in which these early humans lived. This goal requires significant dating work to establish a solid interpretive framework.
  • The 2nd objective is to train professionals in archaeology. Currently, Maria-Helena Benjamim is the only Angolan with a PhD in archaeology working in the country as a researcher. The Franco-Angolan mission aims to contribute to training a new generation of professional archaeologists at the Masters and PhD level, so they can continue research in the country.
  • The 3rd objective is the preservation and promotion of Angola’s poorly known archaeological and paleontological heritage, both nationally and internationally. This objective relies heavily on the partnership with the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela, directed by Maria-Helena Benjamim, where the archaeological and paleontological collections from Mormolo and Dungo are curated and exhibited. Many other activities are carried out as part of this partnership: site visits, video production, and public conferences.

Comment la mission répond-elle à ces objectifs ? | How does the mission address these objectives?

Pour répondre à ces objectifs, la mission préhistorique franco-angolaise rassemble une équipe pluridisciplinaire et composée autant de chercheur·es confirmé·es que de doctorant·es ou d’étudiant·es, français·es et angolais·es. Les spécialistes de l’étude des restes fauniques, des outils lithiques et les paléontologues apportent leur expertise scientifique en même temps qu’ils et elles transmettent leurs connaissances aux étudiant·es présent·es sur le chantier.

To achieve these objectives, the Franco-Angolan prehistoric mission brings together a multidisciplinary team, composed of both experienced researchers and doctoral students or undergraduates, from France and Angola. Specialists in the study of faunal remains or lithic tools, and paleontologists provide their scientific expertise while also sharing their knowledge with the students present on site.

Les chercheur·ses de l’équipe encadrent aussi plusieurs étudiant·es de master ou doctorat, français·es et angolais·es. Par ailleurs, depuis quelques années, l’Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation de Sumbe (province de Cuanza Sul), propose aux étudiant·es en 2e année de licence d’histoire des cours de méthodologie de l’archéologie couplés au chantier-école de la grotte ornée de Ndalambiri, également dirigé par Isis Mesfin et Maria-Helena Benjamim. Plusieurs étudiant·es de ce cursus, maintenant en 4e année de licence, participent également au chantier de Benguela, et envisagent un master d’archéologie en France. En effet, l’une des ambitions de ce programme est de permettre la mobilité d’étudiant·es angolais·es vers la France, pour y suivre une formation de master ou doctorat en archéologie, formation qui n’existe pas à ce jour en Angola. Dans la même perspective, l’équipe de la mission et le Museu de Arqueologia de Benguela mènent en outre une opération d’archéologie de sauvetage dans le cadre de la construction du barrage de Caculo Cabaça (Province Cuanza Sul). Le site a notamment livré un important site funéraire de l’Âge du Fer, avec plus de 200 structures, telles que des tumulus, dolmens et murets.

The team’s researchers also supervise several master’s and doctoral students, both French and Angolan. Furthermore, for several years, the Higher Institute of Educational Sciences of Sumbe (Cuanza Sul province) has offered second-year history students courses on archaeological methodology paired with field school at the rock art cave of Ndalambiri, also directed by Isis Mesfin and Maria-Helena Benjamim. Several students from this program, now in their fourth year of study, also participate in the Benguela excavation and are considering pursuing a master’s degree in archaeology in France. Indeed, one of the ambitions of this program is to enable the mobility of Angolan students to France to pursue a master’s or doctoral degree in archaeology, a program that currently does not exist in Angola. Following the same perspective, the mission team and the Museu de Arqueologia de Benguela are leading an archaeological rescue operation as part of the construction of the Caculo Cabaça Dam (Cuanza Sul Province). This site has yielded a significant Iron Age burial site, with over 200 structures, such as tumuli, dolmens, and walls.

Sur le plan de la diffusion des savoirs, le Museu Nacional de Arqueologia de Benguela a bénéficié d’importants travaux de rénovation du bâtiment et la muséographie a été repensée. Le développement des collections et de l’exposition permanente est en cours, en collaboration avec l’équipe de la mission. Enfin, le projet DIG-ARQ faisant l’objet d’un FEF-R (août 2024-avril 2025), financé par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, vise à numériser et à diffuser en libre accès le patrimoine archéologique angolais par le biais de la modélisation 3D de sites d’art rupestres (grotte de Ndalambiri, Province Cuanza Sul), de collections lithiques (Museo de Dundo, Museo de Benguela) ou encore via la numérisation de fonds d’archives anciens et le scan aérien des sites funéraires du barrage de Caculo Cabaça (Province Cuanza Sul) grâce à la méthode Lidar.

In terms of knowledge dissemination, the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela has undergone significant renovation work, and the museography has been rethought. The development of the collections and the permanent exhibition is underway, in collaboration with the mission team. Finally, the DIG-ARQ project, supported by a FEF-R grant (August 2024 – April 2025) funded by the French Ministry of Foreign Affairs, aims to digitize and provide free access to Angola’s archaeological heritage through 3D modeling of rock art sites (Ndalambiri rock art cave, Cuanza Sul Province), lithic collections (Museo de Dundo, Museo de Benguela), the digitization of archival materials, and the aerial scanning of burial sites at the Caculo Cabaça dam (Cuanza Sul Province) using Lidar technology

Salle d’exposition récemment rénovées. | Renovated permanent exhibition. (Credits : IFAS-Recherche)
Squelette de baleine de la période du Pléistocène exposé tel qu’il a été trouvé à Dungo V. | Fossil whale skeleton dated from the Pleistocene, exhibited as is was found at Dungo V. (Credits: IFAS-Recherche)
Maria-Helena Benjamim, directrice du Museu Nacional de Arqueologia de Benguela, et Katyana M. Raùl, responsable du département de recherche scientifique du musée, montrent à Annael Le Poullennec, directrice de l’IFAS-Recherche, les réserves du musée. | Maria-Helena Benjamim, director of the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela, and Katyana M. Raùl, director of the scientific research department of the museum, showing the museum’s reserves to Annael Le Poullennec, director of IFAS-Research. (Credits: IFAS-Recherche)
Carte des différents projets archéologiques associant la mission archéologique franco-angolaise, le Museo Nacional de Arqueologia de Benguela et d’autres institutions locales. | Map of the different projects associating the archaeological Franco-Angolan mission, the Museo Nacional de Arqueologia de Benguela and other local institutions. (Credits: Isis Mesfin)

Quelques exemples concrets du quotidien de l’équipe de la mission sur le littoral de Benguela… | Some concrete examples from the daily life of the mission team on the coast of Benguela…

Les paléoplages étant particulièrement vastes, les archéologues commencent par sélectionner des zones potentiellement plus propices à la conservation d’artefacts ou de fossiles et y mènent des prospections. Au cours de celles-ci, les localités prometteuses sont repérées puis font l’objet d’une véritable fouille. Voici quelques exemples de ces localités :

Since the raised beaches are particularly vast, the archaeologists begin by selecting areas that are more likely to preserve artifacts or fossils and then conduct surveys in those areas. During these surveys, promising locations are identified and then excavated. Here are a few examples of these locations:

Mormolo G6-1

Lors des prospections, un fossile de baleine a été repéré grâce à plusieurs vertèbres qui affleuraient à la surface. La position des vertèbres montre que l’animal a probablement peu bougé après sa mort, ce qui laisse penser que son crâne, un des seuls os distinctifs entre espèces de baleine, serait aussi enfoui dans le sol. Le squelette du cétacé a été piégé durant la formation d’un beachrock (roche sédimentaire formée en zone littorale) qui a été érodé par un sable rouge grossier comportant des industries lithiques éparses. Cette couche de sables rouges correspond au un niveau stratigraphique comportant des vestiges anthropiques.

During the surveys, a whale fossil was spotted thanks to several vertebrae that were exposed at the surface. The position of the vertebrae suggests that the animal likely moved little after its death, indicating that its skull—one of the few distinguishing bones between whale species—might be buried in the ground. The skeleton is trapped within the formation of a “beachrock” (sedimentary rock formed along a shoreline) that has been eroded by coarse red sand containing scattered lithic industries corresponding to a stratigraphic level which includes anthropic remains.

Squelette de baleine en cours de fouille. | A fossil whale skeleton is being excavated. (Credits: IFAS-Recherche)

Mormolo H8-3

Ce site a livré une accumulation de nombreux coquillages, dents de cétacés, restes de crustacés et d’outils lithiques, en position secondaire (pour de nombreuses raisons possibles, ces artefacts ne sont pas retrouvés exactement là où ils ont été abandonnés par leurs utilisateur·ices). La typologie des outils lithiques indiquerait une industrie pré-Acheuléenne, la plus ancienne retrouvée dans la région, mais le site reste encore un véritable challenge pour la géochronologie. Dans les mêmes couches stratigraphiques, la fouille a également mis au jour une mandibule presque complète de proboscidien, en passe d’être étudiée par Fanny Olivier, dans le cadre de son master au Museum national d’Histoire Naturelle (MNHN), dirigé par Raphaël Hanon et Isis Mesfin. Après identification de l’espèce, Fanny procèdera à des analyses isotopiques à l’Université de Cape Town qui permettront de connaître le contexte climatique et environnemental dans lequel cet individu a vécu. Ses analyses préciseront ainsi la répartition des espèces fossiles d’éléphants et le contexte paléo-environnemental des homininés contemporains.

This site yielded an accumulation of numerous shellfish, cetacean teeth, remains of crustaceans, and lithic tools in a secondary position (i.e., for various possible reasons, these artifacts are not found exactly where they were abandoned by their users). The typology of the lithic tools suggests a pre-Acheulean industry, the oldest found in the region, but the site remains a challenge in terms of geochronology. In the same stratigraphic layers, the excavation also uncovered an almost complete proboscidean jaw, which is set to be studied by Fanny Olivier as part of her master’s degree at the National Museum of Natural History (MNHN), supervised by Raphaël Hanon and Isis Mesfin. After identifying the species, Fanny will conduct isotopic analyses, at the University of Cape Town, to determine the climatic and environmental context in which this individual lived. Her analyses will thus clarify the distribution of fossil elephant species and the paleo-environmental context of contemporary hominins.

Vue de la fouille du site Mormolo H8-3. | Views of the excavated site Mormolo H8-3. (Credits: IFAS-Recherche)

Site expérimental Mormolo EXP | Experimental Site Mormolo EXP

Dans le cadre de son master de recherche au MNHN (dirigé par Isis Mesfin et David Pleurdeau), Jean-Thomas Vié (allocataire 2024 de l’IFAS-Recherche) interroge les processus taphonomiques, c’est-à-dire les diverses altérations ayant affecté les sites et les artefacts entre le moment de leur abandon par les individus à leur origine et le moment où les archéologues les étudient. Dans une zone vierge d’artefacts archéologiques, Jean-Thomas a reproduit un atelier de taille, et observera à intervalles réguliers et sur plusieurs mois, les déplacements et les altérations subis par les pièces, ainsi que les éléments qui en sont à l’origine (vent, eau, effondrements de coupe, flux secs, piétinement, etc.). Ces observations permettront ainsi de limiter les biais lors de l’interprétation des sites archéologiques en créant un référentiel pour l’étude de la répartition spatiale des vestiges archéologiques.

As part of his research master’s at the MNHN (supervised by Isis Mesfin and David Pleurdeau), Jean-Thomas Vié (IFAS-Research 2024 grantee) is investigating taphonomic processes, meaning the various alterations that have affected sites and artifacts from the moment of their abandonment by individuals to the moment archaeologists study them. In an area devoid of archaeological artifacts, Jean-Thomas has replicated a knapping workshop and will regularly observe over several months the movements and alterations experienced by the pieces, as well as the factors responsible for them (wind, water, collapses, dry flows, trampling, etc.). These observations will help limit biases in the interpretation of archaeological sites by creating a frame of reference for studying the spatial distribution of archaeological remains.

Jean-Thomas Vié explique son protocole expérimental. | Jean-Thomas Vié explaining his experimental protocole. (Credits: IFAS-Recherche)

Dungo 18

Ce site paléontologique livre les plus anciens fossiles du Miocène, estimés entre 23 et 5 millions d’années : squelettes de baleines, vertèbres de poissons, dents de mégalodon, etc. Ce site permet ainsi d’enrichir la compréhension de la faune marine de cette époque, mais pourrait également nous en apprendre sur la faune terrestre : lors de prospections cette année, dirigées par Grégoire Métais (laboratoire CR2P du MNHN/CNRS), un crâne de suidé (famille des cochons) a été retrouvé, provenant certainement d’un individu décédé à proximité du rivage et charrié par les courants.

This paleontological site yields the oldest Miocene fossils, estimated to be around 23 and 5 million years old: whale skeletons, fish vertebrae, megalodon teeth, etc. This site thus enriches our understanding of the marine fauna of that era, but it could also provide insights into terrestrial fauna: during surveys this year, directed by Grégoire Métais (MNHN/CNRS CR2P laboratory), a skull of a suid (pig family) was found, likely from an individual that died near the shore and was carried by the currents.

Maria-Helena Benjamim sur le site Dungo 18, au milieu d’anciens fonds marins de l’époque du Miocène. | Maria-Helena Benjamim in the site Dungo 18, in the middle of ancient seabeds from the Miocene. (Credits: IFAS-Recherche)
Dent de megalodon. | Megalodon tooth. (Credits: IFAS-Recherche)
Les visiteur·ses tentent d’en trouver d’autres… | The visitors trying to find new ones… (Credits: IFAS-Recherche)

Abri Dungo 16 | Dungo 16 Shelter

Les prospections ont permis de repérer cet abri perché à 40 à 50m d’altitude devant lequel de nombreux coquillages et outils lithiques étaient visibles en surface. Les fouilleur·ses ont ainsi mis au jour un dépôt archéologique qui témoigne de deux occupations à deux périodes différentes, globalement datées entre environ 45000 et 3500 ans :

  1. La plus ancienne emploie le débitage Levallois et le débitage lamino-lamellaire pour la fabrication de ses outils lithiques, mais produit également des perles en coquilles d’œufs d’autruche. Les restes fauniques indiquent un régime alimentaire tourné vers les mammifères terrestres, avec quelques traces de consommation de fruits de mer.
  2. La plus récente s’est tournée plutôt vers un outillage microlithique sur quartz semblable à celui de la chrono-culture du Wilton retrouvé en Afrique australe. Cette couche livre aussi de nombreuses perles en coquille d’œuf d’autruche, mais montre un régime alimentaire bien plus tourné vers les produits de la mer, avec des restes de tortues, de crabes et de nombreux coquillages, et bien moins d’os de mammifères terrestres.

Thanks to their surveys, the archaeologists identified this shelter, located at an altitude of 40 to 50 meters, where numerous shellfish and lithic tools were visible on the surface. The excavation uncovered an archaeological deposit with two occupations at two different periods, dated between approximately 45,000 and 3,500 years ago:

  1. The oldest layer employed the Levallois technique to produce lithic tools, as well as lamino-lamellar knapping, and also produced beads made from ostrich eggshells. The faunal remains indicate a diet focused on terrestrial mammals, with some evidence of seafood consumption.
  2. The more recent layer shifted towards microlithic tools made from quartz, like those of the Wilton chrono-culture found in Southern Africa. This layer also yields numerous beads made from ostrich eggshells but shows a diet much more oriented towards marine products, with remains of turtles, crabs, and many types of shellfish, and significantly fewer bones from terrestrial mammals.

Une fois le cadre chronologique solidifié, l’étude de ce site permettra de mieux connaître la préhistoire plus récente (le Later Stone Age) du littoral atlantique aride de l’Afrique australe et de comprendre les dynamiques chrono-culturelles à l’échelle continentale, notamment les liens avec les sites du Middle et Late Stone Age des pays voisins (Namibie, Zambie, R.D.Congo).

Once the chronological framework is solidified, the study of this site will enhance our understanding of the more recent prehistory (the Later Stone Age) of the arid Atlantic coast of southern Africa and chrono-cultural dynamics on a continental scale, particularly the connections with Middle and Late Stone Age sites in neighbouring countries (Namibie, Zambie, RDC).

Quelle est la suite envisagée des projets de la Mission Préhistorique Franco-Angolaise ? | What are the future plans for the Franco-Angolan Prehistoric Archaeologic Mission?

Sur le plan scientifique, la mission se concentre désormais sur le programme de datation des localités présentées ci-dessus, ce qui permettra de proposer une séquence chrono-culturelle de référence pour la région.

Scientifically, the mission is now focusing on the dating program of the locations presented above, which will help establish a reference chrono-cultural sequence for the region.

La rénovation de l’exposition permanente du Museu Nacional de Arqueologia de Benguela se poursuit, tout comme le travail de numérisation du patrimoine archéologique angolais. L’équipe s’attelle notamment à la création d’un prototype de musée virtuel afin de rendre ce riche patrimoine accessible à tous et toutes.

The renovation of the permanent exhibition at the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela continues, as does the digitization of Angola’s archaeological heritage. The team is particularly working on creating a prototype of a virtual museum to make this rich heritage accessible to everyone.

Au-delà du littoral de Benguela, la collaboration des chercheur·ses français·es et du Museu Nacional de Arqueologia de Benguela se prolonge par le biais d’autres projets, comme la mise en place d’un chantier-école dans la grotte de Ndalambiri ou le sauvetage d’un site funéraire de l’Âge du Fer dans le cadre de la construction du barrage de Calculo Cabaça, Province de Cuanza Norte.

Beyond the coast of Benguela, the collaboration between French researchers and the Museu Nacional de Arqueologia de Benguela extends through other projects, such as the establishment of a field school in the Ndalambiri cave and the rescue of an Iron Age burial site due to the construction of the Calculo Cabaça dam, Cuanza Norte province.

Et bien sûr, les étudiant·es en master, doctorant·es et chercheur·ses poursuivent leurs différents travaux de recherche. On leur souhaite bon courage et de belles trouvailles !

And of course, master’s students, doctoral students, and researchers continue their various research projects. We wish them good luck and great discoveries!

Pour en savoir plus | To learn more

Références | References

LEBATARD A.-E., BOURLÈS D. L., BRAUCHER R., TEAM A. (2019) – Absolute dating of an Early Paleolithic site in Western Africa based on the radioactive decay of in situ-produced 10Be and 26Al. Nuclear Instruments and Methods in Physics Research Section B: Beam Interactions with Materials and Atoms.

MESFIN I., BENJAMIM M.-H., LEBATARD A.-E., SAOS T., PLEURDEAU D., MATOS J., LOTTER M. (2023) ‒ Evidence for Earlier Stone Age ‘coastal use’: The site of Dungo IV, Benguela Province, Angola. PLOS ONE, 18, 2 [URL : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0278775].

MESFIN I., HANON R.,PAVEI D., LEBATARD A.-E., BEN AROUS E., SAOS T., VIE J.-T., GALLAND A., BENJAMIM M.-H. (2024) ‒ First results on the Earlier Stone Age coastal sites of Mormolo, Benguela Province, Angola. International Erasmus Mundus master in Quaternary and Prehistory joint course [URL : https://www.youtube.com/watch?v=ojh1xFg6T08]